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Celui qui fut probablement le premier grand alchimiste du Moyen Age vécut au XIIIe siècle (sa date de naissance est variable : certains mentionnent 1193, d’autres 1206 ou 1207. Nous avons choisi la version la plus optimiste car la fin de sa vie fut assez végétative…) et fit partie de la grande lignée des expérimentateurs au même titre Roger Bacon, Raymond Lulle ou Arnaud de Villeneuve…

Aussi, afin de maintenir une certaine cohérence…, nous avons arbitrairement choisi de scinder les biographies de ces brillantes individualités en trois articles :
- l’évocation aujourd’hui d’Albert le Grand et de Roger Bacon ;
- le second consacré à Raymond Lulle et Arnaud de Villeneuve ;
- enfin, le troisième illustrant des adeptes de la fin du Moyen Âge avec Basile Valentin et Le Trévisan.

Un précurseur : Albert le Grand

Albert le Grand (1193-1280)

Le futur Maître Albert était issu d’une riche famille de Souabe (celle de Bollstadt, mais son véritable nom était Albert de Groot) et entreprit vite des études chez les moines comme il était d’usage à l’époque. Selon les textes rapportés, la Vierge lui serait apparue : elle lui aurait alors déclaré qu’il allait abandonner le cloître et qu’il aurait la possibilité de s’orienter soit vers la philosophie (ce qui représentait alors la science et le progrès…) ou vers la théologie. Optant pour la première, elle aurait été blessée de son choix et lui aurait prédit qu’il reviendrait dans sa première stupidité frappé avant sa mort. Toujours est-il que les choses se réalisèrent en tout point : Albert fut un des plus grands érudits de son temps, rédigeant des traités dans des domaines aussi variés que la zoologie, la botanique ou les minéraux qui firent autorité en ce XIIIe siècle. Il n’en continua pas moins à mener une activité d’ecclésiastique ; mais les honneurs n’étaient pas son fort et, bien qu’il fût nommé évêque de Ratisbonne en 1260, il n’y demeura que trois ans. Sa préférence le conduisait à l’étude et à l’enseignement. Trois ans avant sa mort, il fut, d’après les témoins, frappé comme par la foudre et resta ainsi prostré avant de décéder en 1280. La prédiction s’était réalisée en tout point… Il fut béatifié en 1622. parmi ses œuvres alchimiques, il faut noter Le composé des composés où se retrouvent les fondamentaux des métaux.

Il est impossible de quitter Albert le Grand sans citer l’anecdote qui devait le rendre célèbre, bien malgré lui, à Paris…

Une place aux origines célèbres

A Paris, Albert le Grand ou Maître Albert, comme on l’appelait, disait ses cours sur une place publique. C’est la contraction des deux mots (Maître Albert) qui est à l’origine de « Maubert », endroit où s’exprimait le Philosophe.

Mais cet omniscient a laissé des traités d’alchimie, non seulement le Composé des composés déjà souligné, mais aussi le De alchimica qui est un véritable guide à destination de tous les adeptes qui se sont engagés dans son sillage. Lui aussi, avant Roger Bacon, insiste sur le degré de perfection des métaux puisqu’il écrit que : « Les métaux diffèrent entre eux selon la pureté ou l’impureté de la matière première, c’est-à-dire du Soufre et du Mercure, et aussi selon la ligne de feu qui les a engendrés ».
Les historiens de la philosophie minimisent son apport dans l’alchimie pour prétendre qu’il fut surtout à l’origine de la diffusion de la pensée d’Aristote, celle-ci étant interdite d’enseignement par le pape Grégoire IX vers les années 1215 (bien qu’elle fût autorisée à l’université de Toulouse et, un peu plus tard, en Angleterre où Roger Bacon la diffusait sans difficultés en 1245). Par contre, ce qui est certain, c’est qu’il ait eu, lorsqu’il fut nommé régent dominicain à Cologne en 1248, Thomas d’Aquin (1225-1274) comme élève qui poursuivit l’œuvre de son Maître en tentant de concilier la Bible avec les philosophies de Platon et d’Aristote.

Un martyr de la science : Roger Bacon

Roger Bacon (1214-1294)

Il fut sans conteste un des puits de science de son temps, maîtrisant plusieurs langues (l’hébreu, le chaldéen, le grec et l’arabe) et détenant, sur le plan scientifique, un savoir encyclopédique.
Ainsi il s’était le premier aperçu de l’erreur du calendrier julien par rapport à l’année solaire. En effet, le concile de Nicée (en l’an 325) avait fixé l’équinoxe du printemps au 21 mars ; cela avait eu pour conséquence que, depuis cette époque, tous les cent trente deux ans, l’équinoxe civil était en retard d’un jour tandis que son homologue astronomique en gagnait un… Du coup, l’erreur finit par être si considérable qu’on tenta de la rectifier à maintes reprises ; il fallut cependant attendre l’année 1581 et le pape Grégoire XIII pour qu’enfin la correction ait lieu.
D’autres le considèrent comme l’un des fondateurs de l’optique avec ses études sur les lentilles et les lunettes ; s’il est vrai qu’il a consacré une place importante à l’optique (dénommé perspective) dans son Opus majus, puisque, après avoir établi une description anatomique fouillée du cerveau et des nerfs optiques, il écrivit un Traité des presbytes et des myopes, il est à peu près certain que les lunettes étaient déjà connues antérieurement, tout au moins avant que Bacon ne transmît son livre en 1267 au Souverain pontife Clément IV... pape auquel Bacon dut (en totalité ou partiellement) ses persécutions. Car la règle de son ordre établissait de la manière la plus stricte qu’aucun travail ne fût communiqué au Saint-Père, ce que Bacon n’ignorait pas évidemment. Mais le problème vint du fait que la demande émana de Clément IV en personne et qu’il était difficile, dans ces conditions, à Roger Bacon, de refuser.
Des religieux orthodoxes s’interposèrent et le philosophe connut alors des ennuis. Ce furent d’ailleurs ses observations remarquables dans le monde de l’astronomie qui lui valurent ses premiers soucis ; la postérité lui a aussi attribué les paternités du microscope et du télescope, encore qu’il soit plus juste de dire qu’il en aurait seulement saisi, par intuition ou par déduction, le principe, mais de manière fort vague. Si ses inventions sont sujettes à caution, en revanche, elles furent à l’origine des accusations de magie qui commencèrent à pleuvoir sur le pauvre Roger Bacon, le réduisant au silence et l’obligeant à subir une vingtaine d’années de cachot.

 

Revenons un peu plus en détails sur les études effectuées par ce grand érudit qu’était Roger Bacon et, tout particulièrement sur cet Opus majus traitant, entre autres, de la cosmographie, de l’étude des corps graves et des poids ou bien des rayons solaires et des couleurs.
Ses travaux dans la sphère alchimique occupent une place non négligeable et le lecteur se souvient probablement que, lors de notre approche de la Pierre philosophale, nous avions déjà exposé ses conceptions métalliques qui se trouvent dans son ouvrage : « Le miroir d’alchimie ».
Dans un autre de ses livres (« De l’admirable pouvoir et puissance de l’art et de la nature où est traité la Pierre philosophale »), il évoque le fameux feu grégeois, ne faisant que reprendre les résultats de Pline comme il le dit lui-même. Originaire des contrées arabes, cette technologie militaire, constituée de soufre, de salpêtre et d’huile de naphte, était généralement enfermé dans un récipient en verre et projeté sur l’ennemi à l’occasion de combats navals ou de tentatives de prises de forteresses, fut introduit en Europe au XIIIe siècle. Ce rappel n’est pas tout à fait inutile dans la mesure où d’aucuns n’hésitent pas à attribuer l’invention de la poudre à canon à Roger Bacon, ce qui suscite encore quelques controverses…
Terminons sur ce martyr qui s’éteignit, victime de l’ignorance des moines, en prononçant cette phrase : « Je me repens de m’être donné tant de peine dans l’intérêt de la science ».

 

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