En préambule à la présentation du livre de Rudy Cambier « Le Dernier Templier », Marc Jacob, président des Éditions Pierre de Lune, évoquait le rétablissement de la vérité historique relative au trésor des Templiers et, en conséquence, aux « Centuries » de Nostradamus.
Où un lettré belge démasque Michel de Nostredame
L’auteur, Rudy Cambier, philologue et médiéviste, lit par hasard les « Centuries ». Il y constate des anachronismes flagrants entre l’époque supposée de la rédaction, le milieu du 16e siècle, et la stylistique de cette dernière, entre le genre supposé, la prophétie, et un autre genre littéraire, l’énigme.
Il décrypte cette œuvre, mais à l’aune de la linguistique et de la civilisation du 14e siècle. Deux cents ans avant Nostradamus !
Il redécouvre l’auteur, un moine cistercien, Yves de Lessines qui fut, au début du quatorzième siècle, prieur de l’abbaye de Cambron en Hainaut. Dès lors, tout s’éclaire… Il décortique les fameux quatrains et les interprète triplement : « Yves de Lessines parvient (…) à évoquer une histoire de son passé A LUI, une histoire de son présent A LUI et à donner, en outre, une indication utile à celui qu’il appelle l’attendu. Cette dernière est la vraie finalité du texte (…). »
Le décor est planté. Monsieur Cambier utilise la philologie, la linguistique et l’histoire du Moyen Age pour expliquer les « Centuries », farcies de traits picards et flamands, de toponymes du nord. Il parvient ainsi à retrouver et à suivre la piste qui mène au Pays des Collines, dans les terres de l’abbaye de Cambron, là où Nostradamus vola le manuscrit original des « Centuries ».
Où un découvreur indique la cache
L’auteur ne se contente pas de nous subjuguer par son érudition, il investigue sur le terrain, décrypte l’énigme et trouve la cache ! Les écrits lui apprennent que ce lieu contient « des documents, (…) la règle, les décisions des chapitres (…), de l’argent et de l’or, le tout enfermé dans vingt et un tonneaux (…). »
La société « Earth Science Systems Ltd », leader de la recherche en archéogéologie, a effectué des relevés. Son directeur, Peter Fenning, confirme la présence de cavités assez grandes à cet endroit ! Et plus particulièrement une cavité voûtée d’environ 9 mètres sur 4 à 2 mètres de profondeur.
Pourquoi, dès lors, ne pas entreprendre des fouilles ? Elles sont prévues. Mais, pour mieux comprendre ses motivations, cernons la personnalité de l’auteur : esprit rigoureux, regard sceptique, ennemi de la fumisterie, chasseur de préjugés, digne émule de Descartes, il se veut désintéressé et le prouve avec la création de l’asbl Archéotiming qui a pour but de protéger le lieu et son contenu de l’avidité de quiconque et d’en faire une « res humanitatis ». Cette asbl a déjà mis à jour l’entrée d’une crypte voûtée avec une porte murée et une poutre gravée d’une croix identique à celle du château de Chinon.
Où un écrivain est né
Signalons, pour terminer, que la forme de cette œuvre ne le cède en rien au fond : la langue y est savoureuse, l’ironie omniprésente, l’humour direct et percutant. Rudy Cambier affronte à fleuret démoucheté les faux prophètes et les lettrés fats. Il s’est déjà attelé à la rédaction des deux prochains tomes. Nous les attendons impatiemment.
Jihèn